J’ai cette réputation, dans mon entourage personnel ou professionnel, d’être un puits de savoir en matière de séries. Difficile de me coincer, je n’ai pas tout vu mais très honnêtement sans me vanter j’en ai sous le capot. Sans me vanter du tout d’ailleurs, parce que généralement, après les exclamations presque admiratives devant l’étendue de mes connaissances, vient cette interrogation: “mais comment tu fais ?”. Et là généralement, l’admiration cède la place à une certaine gêne (quand ça n’est pas carrément de la pitié, un peu comme devant une personne atteinte du syndrome de Diogène qui vous ouvrirait la porte de son appartement engorgé d’objets accumulés).
Parce qu’il n’y a pas trente-six explications possibles. Si je vois tant de choses, c’est parce que j’y passe du temps. Beaucoup de temps. Au détriment de mes nuits, généralement, mais aussi d’activités qui seraient bien meilleures pour tout ce qui est cardio-vasculaire et, avouons le, aux dépends de ma vie familiale et conjugale.
Alors certes, cette consommation excessive est plutôt un atout dans mon métier, elle me permet d’avoir les “ref”, de connaitre ce qui se fait, ce qui fonctionne, ce qui est dans la tendance de ce que les diffuseurs recherchent. Mais je serais bien malhonnête de prétendre que c’est pour cette raison que je peux parfois m’enfiler cinq ou six épisodes à la suite. Non, la vérité c’est qu’en séries comme en tout, je suis compulsive.
Donnez-moi une tablette de Milka, elle ne fera pas l’heure. Filez moi comme ce week-end la saison 4 de Fauda (sincèrement, Lior Raz, le scénariste et acteur principal de la série est ce qui se fait de plus hot actuellement, sans parler du fait que “oui” en hébreu se dit “ken”), je la fusille en deux jours. Il y a sans doute de la fuite, le besoin incontrôlable de me noyer dans une histoire pour oublier les vicissitudes du quotidien. Mais surtout, je le crains, il y a ce circuit de la récompense qui chez moi dicte l’essentiel de ma vie. Obtenir vite, très vite, la satisfaction. Puis recommencer, pour en avoir encore. Par miracle, je ne suis jamais tombée dans l’alcool, qui m’intéresse finalement assez peu. Mais j’ai été une fumeuse passionnelle, une mangeuse fiévreuse et suis désormais une addict aux fictions. Les mécanismes sont les mêmes, ils viennent sans doute de quelque chose pas réglé dans l’enfance au stade oral à priori pour les deux premières compulsions et d’un besoin irrépressible de connaître la fin d’une histoire pour la dernière. La seule façon pour moi de “déguster”, c’est de ne pas pouvoir, matériellement, obtenir l’épisode suivant. Autant vous dire que l’arrivée des plateformes a signé ma perte. Plus d’attente d’une semaine entre deux doses, je peux sniffer le sachet d’un coup.
J’en plaisante, mais très franchement, j’adorerais trouver mon plaisir dans la préparation d’un marathon ou autre activité saine et sportive. Mais apparemment je n’ai pas été livrée avec l’option “endorphines libérées après l’effort” (je vous jure que j’ai essayé, ces petites garces n’ont jamais daigné montrer le bout de leur nez, je ne COMPRENDS pas que quiconque puisse à un moment éprouver du plaisir à courir).
Bref, je me soigne, je me comporte avec le chocolat au lait comme une alcoolique repentie avec la bouteille. Bien que sachant que la pseudo dépendance au sucre n’est à priori qu’une légende urbaine, force est de constater que ma volonté ne suffira jamais face aux Côte d’or, Lindt et Nestlé. Pour bien faire, il faudrait que j’agisse de même avec les Netflix, Amazon et autres HBO. Que je les bannisse une bonne fois pour toutes de ma vie. Mais en même temps, c’est quand même un peu mon travail (tais toi la mytho).
Voilà, c’était 3615 ma vie (référence de boomeuse) et c’est à peu près tout ce que j’avais sous le pied pour cette newsletter. Mais histoire que mon tempérament compulsif vous profite un peu, voici donc quelques conseils de séries récemment aimées, vous êtes nombreu.ses à m’en demander régulièrement.
Fauda, sur Netflix, 4 saisons sous adrénaline, il faut avoir un peu d’intérêt pour tout ce qui est conflit israélo-palestinien et aimer les scènes d’actions (ainsi que les héros chauves et un peu potelés au regard vert émeraude et aux airs de chien battus) (assommez-moi, je me fatigue toute seule).
Spy among friends. Une série anglaise sur Canal +, sur un espion qui a trahi tous les siens dans les années 60. Vous l’aurez compris, j’adore les séries d’espionnage et j’aime aussi énormément Damian Rice (Homeland).
Harlem. Sur Amazon, on change totalement d’ambiance, on est donc à Harlem et on suit quatre héroïnes qui pourraient être les héritières afro-américaines de Samanta, Carrie, Charlotte et Miranda. C’est moins léger que ça n’en a l’air, c’est un poil téléphoné parfois mais ça se binge allègrement.
Jeux d’influence, saison 2. Sur Arte, une série française pour changer, avec Alix Poisson en journaliste de terrain, tentant de révéler au grand jour un nouveau scandale sanitaire. Un peu moins bien tenu que la saison 1, mais malgré tout haletant.
Slow horses. Sur Apple TV. L’histoire - encore - d’espions un peu ratés, qui se retrouvent à “l’étable”, une sorte de purgatoire pour agents sur la touche. Avec le génial Gary Oldman.
Trying. Sur Apple TV. Un bonbon anglais comme on les aime, sur un couple de trentenaires qui ne parviennent pas à avoir un enfant. A déguster sans modération (mais on aura compris que je ne connais pas tellement cette personne) (ah ah ah ah).
Bonus film: Les jeunes Amants, sur Canal, un des plus beaux films d’amour vu depuis bien longtemps, avec un Melvil Poupaud et une Fanny Ardant au sommet de leur art.
Compulsive
Ah Caro... dans chaque newsletter je me dis... Mais ceci est ma vie...
Non non tu n'es pas seule à vivre cet enfer de l'addiction. Le sucre, les chips et le saucisson. Ennemis envoyés sur terre juste pour me dominer. Et les plateformes de séries.🤦🏼♀️
Merci pour les tuyaux... J'ai déjà vu la moitié de ce que tu proposes... Nous regardons en ce moment bloodlands. Prenant et j'adore détester le héros tout en l'aimant...
Quant à Fauda... Et à ❤️🔥Lior Raz❤️🔥... Il a 29 ans lui aussi. C'est sans doute la raison qui fait que... J'ai même vu Hit and Run... Allez va ... Je vais bosser..et enseigner à mes élèves les dangers des écrans...😇
C’est justement le sujet de ma déprime de ce dimanche, l’impression de passer à côté de ma vie: trop fatiguée pour lire, pour tricoter, pour aller marcher dans la forêt (peut-être également la frousse de me faire buter par un chasseur). Alors que j’ai envie de tout ça! Dans mon cas ce ne sont pas les séries (même si je me défends de ce côté là!) mais le téléphone: il me garde éveillée je crois… encore une fois merci pour ces mots si justes et sincères!