Est-ce que j’ai été un peu ambitieuse en vous annonçant une newsletter par jour ? Mmmh… Maybe. D’autant que le wifi est des plus aléatoires. Mais je vais tenter tout de même, inchallah. On en était restés à l’aéroport du Caire. Après un très court vol jusqu’à Louxor, nous sommes donc arrivés en pleine nuit au Winter palace, hôtel mythique au charme un peu décati. Et je crois que c’est à peu près à ce moment là, quand nous avons traversé le jardin qui transpirait le jasmin, que je me suis dit qu’en effet, la magie allait peut-être opérer. Quelques heures de sommeil plus tard, nous avons embarqué sur le Steamship Sudan. Et là comment vous dire… A bord, il n’y a plus de guerre, plus de conflits, plus d’angoisse. Ce qui est finalement bien sûr un petit sujet d’angoisse quand même. Il m’en faut donc si peu pour mettre de côté toute mon empathie et la conscience du monde qui m’entoure ? Malheureusement, à en juger mon émerveillement durant toute cette journée, je crains que oui. Une amie m’avait prévenue, “tu vas voir des choses si vieilles, si majestueuses et sublimes, que tu oublieras le reste. Tu remets tout en perspective”. C’est peut-être ça, c’est peut-être toujours cette histoire de beauté qui rebat les cartes. Mais j’ai rarement été émue à ce point devant des pierres, des colonnes et des hiéroglyphes dont beaucoup représentent un canard à côté d’un soleil ce qui à priori voudrait dire Ramses. (j’ai pas forcément tout très bien écouté, pour le doctorat en papyrus il faudra repasser).
Bon. On ne va pas se mentir, le concept du voyage organisé, qui implique par conséquent de se déplacer en mini troupeau et de sympathiser avec des congénères, ça n’est pas ce que je préfère et ça n’est pas dans mon ADN. Dès le premier déjeuner, nous nous sommes retrouvés à une table de 4, avec un couple plus âgé, dont l’aisance financière ne faisait aucun doute (ils ont l’immense suite du bateau, tout le monde les regarde avec un mélange d’envie et de haine). Vous la voyez la conversation qui démarre pas trop mal - on parle du musée du Caire d’où ils revenaient, de la ville qui explose, de l’émotion face aux pyramides - et qui soudainement prend un tour qu’on aurait préféré éviter ? Ne me demandez pas comment mais après les banalités d’usage, des phrases comme “le télétravail va nous tuer, déjà que les gens ne foutaient rien” ou “on leur offre 12 jours de RTT et mon assistante trouve le moyen d’aller chez le dentiste entre midi et deux” jusqu’au climax: “heureusement qu’on a le 49.3”. C’est dans ces moments là que je me réjouis d’être mariée au mec qui se fout le plus au monde de ce que les gens vont penser de lui. Moi qui d’ordinaire le supplie du regard de ne pas entrer dans le lard du premier qui l’agace, j’attendais avec impatience le premier scud. Go tiger. Fais en sorte qu’ils n’aient plus jamais envie de s’asseoir à nos côtés. Il s’est exécuté magnifiquement. Il a été désagréable juste ce qu’il fallait. Depuis on se croise sans se sourire et ce soir, c’est d’un commun accord que nous nous sommes assis le plus loin les uns des autres.
Bon par contre on avait identifié un couple qui semblait cocher les cases pour devenir nos amis pour la semaine mais bizarrement ils se sont aussi assis assez loin de nous ce soir. Si ça se trouve on est les cons d’autres gens.
Bref, tout ça est très nouveau et je ne suis pas certaine que cet aspect là du voyage soit mon préféré. Mais entre la magnificience de Karnak et le coucher du soleil sur les rives du Nil pendant que nous le remontions paresseusement, direction Qena, je crois que je peux m’habituer à la compagnie du groupe. J’aimerais avoir les mots pour vous décrire cet enchantement, les palmiers en grappe, la brume qui flotte au dessus du fleuve, les enfants qui se baignent en riant, les oiseaux qui nous accompagnent quelques mètres, pour ensuite piquer du nez dans l’eau. L’appel à la prière, qui nimbe le tout d’une dimensions mystique. Le ciel qui se baigne dans le Nil, l’embrasement quand le soleil finit sa course. J’aimerais avoir ces mots pour que l’espace d’un instant vous ressentiez ce calme et cet espoir. Celui que la folie du monde cesse.
Voilà, demain lever à 5h, départ pour deux temples dont j’ai oublié le nom mais qui s’annoncent sans doute encore bouleversants.
Merci pour vos mots, je n’ai hélas pas tellement la possibilité d’y répondre mais je les lis tous. Je me réjouis que ce lien perdure et que vous preniez un peu de plaisir à me lire. Cela tient toujours d’un petit miracle pour moi, sachez-le.
Je vous laisse, le churros dort déjà.
Ces petites remarques ironico acerbe entre gens de bonne compagnie, c'est so Agatha Christie ! J'espère que les points communs avec ses romans s'arrêteront là. Ravie que tu sois sensible à la beauté de l'Égypte et que tu profites de ce voyage.
Une ola pour le churros!! 😇🤓 Et si nous te remercions de prendre de ton temps pour venir nous relater ce voyage qui est parti pour prendre une bien jolie tournure, que cela ne pèse surtout pas sur vos vacances et nuise à un total lâcher prise oh combien salutaire 😎 Des pensées bienveillantes et positives +++ t’accompagnent 😊