A l’heure où vous me lirez, je serai dans une voiture qui file vers Abou Simbel. J’aurai quitté le Sudan, ce bateau merveilleux. Le groupe “Nefertari”, comme nous avait nommés notre guide Ali, aura été dissous. Nous voguerons tous vers des aventures individuelles, sans plus avoir à nous soucier d’André et Jocelyne, nos helvètes préférés. Et vous savez quoi ? Sans ironie ni sarcasme, j’ai un peu de peine. Parce qu’on a vraiment rigolé pendant une semaine. On n’avait aucune chance de se rencontrer, on ne se serait sans doute pas regardés si nous avions par hasard partagé un carré dans le TGV. Et on repart plein de ces petits bouts de vie confiés.
La bonne nouvelle c’est qu’on a fini par atteindre notre objectif. A savoir manger avec notre “couple goal”, celui qu’on avait repéré dès le premier jour. Je crois pouvoir affirmer qu’ils espéraient la même chose. Oui alors bon, lorsqu’on s’est dit au revoir tout à l’heure - on n’a pas tous les mêmes itinéraires à la fin de la croisière - ils n’ont pas osé nous demander notre 06. Et apparemment ils n’ont pas non plus su comment nous proposer le leur.
Je sais ce que vous vous dites. C’était peut-être une amitié à sens unique. Laissez-moi dans mon déni s’il vous plait.
Sinon, pour ce dernier jour en groupe, nous avons visité le temple de Philae. Est-ce que c’est le syndrome de Florence, comme disait l’un des membres de Nefertari (à savoir la saturation au bout du 45è musée) ou plus sûrement l’épouvantable pollution au dessus d’Assouan et ses environs ? Mais je n’ai pas éprouvé l’émotion qu’on m’avait promise. Même s’il faut avouer que l’arrivée en barque à moteur était assez cinématographique et que l’histoire de ce temple sauvé des eaux, démonté et reconstruit sur une île, est fascinante.
Ah d’ailleurs j’ai eu de nouvelles précisions sur la bite d’Osiris. Elle n’avait pas seulement disparu, elle a été jetée dans le Nil par Seth le méchant et mangée par les poissons. Et Isis a finalement fait repousser le “membre” grâce aux larmes qu’elle a versées sur le corps mourant d’Osiris. Puis quand il a jailli, Isis a pris sa forme d’oiseau pour aspirer le sperme divin et pouvoir enfanter. Ne me demandez pas pourquoi elle a éprouvé le besoin de faire ça dans son costume de piaf. Ne me demandez pas pourquoi non plus à Kom Obo elle est aussi représentée avec une tête de lionne. Je venais tout juste d’arriver à la repérer avec sa chaise sur la tête, sa fleur de lotus et son avatar d’oiseau, voilà que sans crier gare, elle nous sort un nouveau déguisement.
Bref, Philae, oui, bien sûr. Mais mon coeur est un peu resté à Kom Obo à l’aube, sans autres visiteurs que nous.
Demain, donc, nous prenons la route pour Abou Simbel, puis nous repartirons d’Assouan, direction Le Caire. Je continuerai ces petites lettres jusqu’au bout, même si j’ai bien peur qu’elles n’aient pas tout à fait la même saveur sans cette joyeuse troupe. Je ne peux pas vous quitter sans vous raconter tout de même que j’ai apparemment eu un ticket avec le directeur du bateau. Oui ici on dit directeur et pas capitaine, ce qui n’enlève rien au prestige de la fonction (pour moi il est juste en dessous de Sissi dans la hiérarchie égyptienne et je ne dis pas ça pour me faire mousser). Cet homme très distingué est venu me voir avant qu’on se sépare et m’a offert un petit médaillon, pour me remercier de lui rappeler sa soeur et d’être aussi gentille. Sa soeur. On ne me la fait pas. Je vous rappelle que mon deuxième prénom ici est Bernadette. Et que mon ADN est désespérément français, tendance normande. Evidemment que c’était un prétexte. Il est fou de moi, c’est tout.
Ensuite il m’a fait le baise-main puis a chastement embrassé mon front. Je crois que je vais tenter de tirer profit de ce béguin pour lui soutirer une suite lors de mon prochain séjour. Oui, je suis devenue vénale et très intéressée. Avec la bénédiction du churros qui est clairement prêt à me prostituer pour continuer à se gaver de caviar d’aubergine.
Allez, Salam.
Le houmous aussi est à tomber
L’histoire d’Osiris selon Caroline Franc... j’ai ri!!! 😂😂😂