Je n’allais pas partir sans vous souhaiter un bon été et je l’espère pour la majorité d’entre vous, de bonnes vacances. Chaque année, j’ai la sensation d’arriver sur la jante aux portes du mois d’août. Avec 2% de batterie et pas un chargeur à l’horizon. Trêve de métaphore (cela dit l’absence de chargeurs n’a rien de métaphorique, ils se la coulent douce dans un pays lointain avec les tubes de colle et les couvercles de Tupperware), je suis à plat, comme tous les ans. Un peu moins peut-être cette fois-ci grâce à la meilleure décision prise depuis un bout de temps: m’octroyer une semaine de télétravail en juillet en dehors de Paris. L’occasion de vérifier qu’en effet loin de la capitale la vie est tout de même un peu plus douce, enfin surtout dans ce petit village de l’île de Ré, qui ressemblait à celui de Oui-oui. Avec son petit marché minuscule, son unique brasserie à la terrasse ombragée, le manège de poche et ses vélos partout. Et beaucoup de pull-overs roses sur les épaules cherchant désespérément le dernier numéro de Valeurs Actuelles à la maison de la presse (tout a un prix malheureusement).
Bref, c’était comme une répétition avant la vraie pause, celle pendant laquelle je vais me mettre sous perfusion de livres et de salades grecques, en croisant les doigts pour ne pas avoir à trainer ma valise en courant sur une plage avec le feu au cul (pas métaphoriquement non plus hélas). Autant vous prévenir, si ça m’arrive, vous me trouverez au fond de la piscine, essayant de me protéger des flammes. Parce que courir est déjà contraire à ma nature, mais par 40° et dans le sable, c’est mort. “Allez-y sans moi je vois bien que je vous ralentis”, seront mes derniers mots.
Croyez-moi, la sélection naturelle aura la tâche facile avec moi. Plus sérieusement, je suis tiraillée entre ma joie de retrouver une fois encore ce pays que j’aime tant, la Grèce, et la culpabilité d’aller me la couler douce alors que sa population subit de plein fouet la colère d’une terre surchauffée. Je lisais un tweet récemment qui résumait assez bien les choses. En commentaire d’une photo de touristes en pleine évacuation à Rhodes, il était écrit “heureusement que la Grèce n’a pas d’habitants, ça serait un drame sinon”. Indeed.
Je ne vais pas vous raconter d’histoires, en dépit de mes scrupules et de ma honte à peine cachée de prendre l’avion pour mon plaisir personnel, la joie l’emporte quand même, ce qui est évidemment un gros problème d’autant que je ne suis sans doute pas la seule à faire taire la petite voix qui me traite de tueuse de planète.
Est-ce que ça sert à quelque chose de s’en vouloir ? Est-ce que ça amoindrit un peu la faute ? NON.
Je ne trouve pas de conclusion à cette digression.
A part ça, je continue ma diète de sucre et j’ai une triste révélation à vous faire: ça ne me fait absolument pas maigrir. Il faudrait sans doute l’accompagner d’une diète de tout le reste et de beaucoup d’exercice mais flemme. Je ne reçois en plus aucun soutien de mon cercle familial qui pouffe sans aucune discrétion quand je décline un dessert en expliquant que j’ai arrêté le sucre raffiné. C’est triste d’être à ce point peu respectée.
Par ailleurs, j’ai rattrapé mon retard en m’enfilant les deux saisons de The Morning Show, que je vous recommande si vous aussi étiez passés à côté. ça n’était pas vraiment mon cas, j’avais fait bien pire. A l’époque de la saison 1, j’était encore une criminelle du net et téléchargeais illégalement. Ce faisant, j’avais regardé comme une imbécile le dernier épisode de la saison, pensant que c’était le premier. Quand je m’en était rendu compte, il était trop tard, je m’étais auto-spoilée comme une grande. J’ai donc attendu trois ans (c’est l’intérêt de vieillir, à un moment ou à un autre on oublie) pour m’y remettre sans connaitre la fin dès le début. Et franchement, même si j’avais de vagues souvenirs, ça ne m’a pas empêché d’apprécier la série, qui s’essouffle un peu en saison 2 mais reste une friandise assez savoureuse.
Voilà, pas beaucoup plus à vous dire là tout de suite, si ce n’est que ces derniers étés n’ont pas été les meilleurs en ce qui me concerne et que je mise absolument tout sur celui là. Donc je sais, le réchauffement, bla bla bla, mais s’il te plait El Nino, va voir du côté de l’Ile de ré si j’y suis, merci.
Et comme j’adore les bilans à cette période de l’année, je vous remercie infiniment d’avoir été des lecteurs aussi bienveillants depuis la création de cette lettre au rythme sporadique et au contenu souvent bien bordélique. Je le dis vraiment en toute sincérité, ce lien qui nous unit me donne la sensation de faire partie d’un club, celui où ne seraient admis que des gens qui doutent, souvent, qui lisent, beaucoup, qui arrêtent le sucre mais qui ne refusent pas une petite part du moelleux au chocolat PAR POLITESSE et qui, conscients de leurs imperfections tentent malgré tout de s’améliorer un peu. Un club de gens qui essaient. Alors si vous voulez bien, on va continuer encore un peu, d’essayer, de se tromper, d’être tout sauf irréprochables mais en pleine conscience.
PS: hier j’ai PAYÉ ma fille pour qu’elle range mon dressing qui ressemblait à la place de la Nation après une manif. Je pose ça là pour que toutes celles qui se demandent si elles sont de bonnes mères se rassurent. Il y a toujours pire que soi.
Moi qui ne suis adhérente à rien, ce club des gens qui doutent, lisent, se mettent des défis (arrêt du sucre, stomach vaccum, 8000 pas par jour, detox digitale, lire davantage d'articles en anglais, ...) dans le but de s'améliorer un peu me convient parfaitement !
Très bonnes vacances Caro
"Et beaucoup de pull-overs roses sur les épaules cherchant désespérément le dernier numéro de Valeurs Actuelles à la maison de la presse (tout a un prix malheureusement)..." J'ADORE ! Et pourtant, moi aussi, je l'aime cette petite île...
En ce qui concerne la mauvaise conscience rapport à la planète et au sur-tourisme, je plaide également (et pleutrement) coupable, moi qui passe très exactement 18 jours à Venise. L'année a été ardue au boulot, j'ai tout donné et je m'octroie cette escapade, avec l'amoureux (je célèbre nos 15 ans dans ma tête, lui n'ayant que faire des anniversaires, et ce n'est pas grave), pour souffler, buller, déambuler, contempler, lire et me régaler les papilles outrageusement de capuccino à toutes heures du jour, de spritz ou petit vin blanc à l'apero, d'amaretti au goûter et de tiramisu en dessert. Moi qui lutte aussi contre l'addition au sucre le reste du temps, j'ai lâché la bride. Je suis de la team qui essaie mais qui parfois, se dit que merde, les vacances, c'est du plaisir, et le plaisir, c'est aussi le sucre !
Bel été, Caroline...