On ne va pas se mentir, en commençant cette newsletter, je n’ai 1) aucune idée de ce que je vais y raconter et 2) l’impression d’être Carrie Bradshaw. Ce qui n’est pas de meilleur augure pour la suite, parce que Sex and the City sent tout de même un peu le réchauffé et que généralement c’est un peu mieux de ne pas écrire pour ne rien dire.
Mais je dois avouer que l’idée de vous envoyer cette missive est assez enthousiasmante. (ok, on ne s’excite pas, c’est en réalité un mail qui a toutes les chances de finir dans vos spams entre une proposition d’élargissement de votre pénis et une convocation au commissariat pour soupçon de pornographie (truc tout de même très angoissant la première fois qu’on le reçoit).
Je ne sais pas, je crois que ça me rappelle les innombrables déclarations d’amour par lettre auxquelles je me suis livrée de 15 à 21 ans environ, lesquelles ont toutes eu le même résultat => “je préfère qu’on reste amis”. Un conseil : ne tentez pas l’expérience, ça n’a absolument aucune chance d’aboutir. D’abord parce que généralement, si on a besoin de mettre sur le papier ses sentiments, c’est qu’on est déjà largement entré dans la friend zone (mon karma toutes ces années là) et qu’en plus, rien ne vaut la spontanéité en amour, or bien sûr, la plupart du temps j’envoyais ces misérables tentatives de pécho juste avant de partir très loin en vacances, histoire de mettre le maximum de distance entre l’objet de mon affection et moi même. Preuve sans doute que je n’y croyais pas beaucoup et que je voulais m’épargner l’humiliation de la confrontation du lendemain, face à celui qui avait reçu mon coeur en bouillie sur trois ou quatre feuillets et qui n’avait comme seule réponse un regard un poil embarrassé.
Rien que d’y penser, je ressens la morsure de la honte. Je me souviens d’une où j’avais devancé François Hollande et sa célèbre anaphore “moi président”, en répétant sur une vingtaine de lignes “Je pense à toi quand…”. “Quand je vois une Yamaha, quand j’allume une cigarette, quand j’écoute “I love Chopin”, quand je sens ton parfum, etc”. Quelques années plus tard, le destinataire m’avait confié que ça l’avait surtout fait flipper, il s’était demandé si je pensais à lui même quand j’étais en train de chier. (oui, sans doute).
L’avantage avec cette lettre là, que je vous envoie, c’est que je n’espère pas grand chose, si ce n’est vous faire sourire, accompagner votre café et, soyons lucide, sans doute pour la plupart votre caca du matin, parce qu’on est tout de même assez nombreux à faire ça en relevant ses mails (non ?). (je sens qu’on tient un fil rouge).
Encore faut-il que j’ose l’envoyer parce que plus la page se remplit, plus j’ai conscience de ne pas révolutionner le genre. Le pire c’est que j’avais plein d’idées, je voulais vous parler de ma difficulté permanente à être en accord avec mes principes, pour exemple ma tentation tout de même très forte de regarder le premier match des Bleus alors que TOUT dans cette compétition me fait vomir, mon envie de voyager qui n’a jamais été aussi pressante à un moment où prendre l’avion s’apparente à étrangler une dizaine de chatons ou encore ma légère addiction au jambon cru qui s’accommode mal de ma velléité de réduire drastiquement ma consommation de viande. Mais à quoi bon en réalité, j’imagine que je ne suis pas la seule dans ce cas et d’autres que moi ont expliqué plus brillamment ce concept d’exemplarité militante et l’impossibilité d’être irréprochable. (et puis la vérité c’est que je cherche surtout l’absolution, ce qui est encore une façon de fuir mes responsabilités).
J’aurais surtout voulu inventer un concept nouveau de newsletter, pour me distinguer des 150 000 déjà existantes. Et me voilà en train de raconter que je fais caca en lisant mes mails ou en regardant des stories Instagram d’Olivier Giroud à qui je voue une passion que je ne m’explique pas et dont j’ai évidemment honte (à peu près autant que de tout ce qui précède).
Bref, je vous aime et je pense à vous souvent, quand je bois mon thé, quand je marche dans ce parc à côté de chez moi, quand je regarde une série qui pourrait vous plaire et quand… (vous l’aurez compris).
Et pour que cette lettre ne serve pas totalement à rien, je vous conseille de regarder “Trigger Point”, une création anglaise à l’ancienne, où il est question de bombes à déminer dans Londres, d’attaque terroriste d’extrême droite et de policiers traumatisés. Je vous invite aussi à lire “Quand tu écouteras cette chanson” de Lola Lafon, qui est un bijou de subtilité et d’intelligence et que je n’ai pas lâché jusqu’à la dernière ligne.
Voilà, je vous en supplie, ne vous désabonnez pas tout de suite, laissez moi me raconter que pour une fois, je ne vais pas me prendre un râteau épistolaire.
Je vous embrasse et je vous souhaite une bonne semaine.
Caro
J’aime quand tu reprends tes Pensées
Heureuse de te retrouver! C’est un peu comme si mon vœu s’était exaucé. Pas plus tard que vendredi, alors que j’étais dans les rayons de ma
Bibliothèque municipale, ne trouvant pas les livres que je cherchais, je me Souvenais avec nostalgie du temps où tu conseillais livres et séries.
Merci pour ça … et pour le reste
Bonne journée