Evidemment que je suis tentée de vous en parler. Evidemment qu’il y a un peu de fanfaronnade. Comment pourrait-il en être autrement ? Seules les personnes n’ayant jamais eu à perdre du poids ne peuvent pas comprendre. Et puis, à la faveur d’une photo postée sur Instagram (Narcisse, es-tu là ?) il y a les messages que je reçois, dont je perçois l’urgence. “Comment t’as fait ?”. Et la tentation de donner une recette. Comme si elle existait vraiment. Je l’ai fait, sur mon blog, des mois durant. Convaincue d’avoir trouvé la clé. Heureuse de me faire la porte-parole de cette “méthode Zermati”, aveuglée par ma “réussite”.
Dix ans et vingt kilos plus tard, qu’en restait-il ? Pas grand chose si ce n’est une sensation d’échec cuisant. Est-ce que je remets en cause pour autant tout ce que j’ai appris auprès de ce médecin ? Non, parce que rien n’était faux. Mais force est de constater que je n’ai pas réussi à appliquer ses principes et ses leçons sur le long terme. Approuverait-il la façon dont je procède aujourd’hui ? Je ne pense pas, parce qu’il y a, à l’origine de tout ça, de la restriction. Ce serait mentir que d’affirmer le contraire. Et je sais, au fond de moi, que le risque est là, tapi dans mon cerveau de gourmande compulsive. Le risque que peu à peu, je me détende un peu trop. Que petit à petit, les quantités augmentent, les légumes cèdent progressivement la place aux aliments plus réconfortants. Que la marche quotidienne ne le soit plus.
Je sais maigrir. C’est ne pas reprendre qui est compliqué.
Alors je suis partagée, entre le désir de vous dire ce qui a “marché” pour moi et qui m’a permis de laisser désormais deux valises cabine sur le bord de la route, et celui de ne pas me faire la porte parole d’injonctions à maigrir que je conspue.
Il faut déjà savoir que j’étais arrivée à un stade où mes résultats de prise de sang étaient constellés d’astérisques. Pas une valeur dans les clous. Une glycémie au plafond, du cholestérol en mode buffet coréen à volonté, des triglycérides comme s’il en pleuvait et j’en passe. Un foie d’alcoolique alors que je buvais très peu. Et pour couronner le tout, un estomac malmené par mes grossesses et notamment la première, pendant laquelle mes jumeaux l’ont fait remonter dans l’oesophage et qui donc ne faisait plus son travail et me contraignait à dormir assise et à prendre des anti-reflux comme un nouveau né prématuré.
Bref, j’étais pas sur la pente ascendante de la santé. Et autant je suis la première à gueuler contre les médecins qui ramènent le moindre problème à celui de ton surpoids, autant là, il ne fallait pas être polytechnicienne pour comprendre que la majorité de mes maux étaient liés au chiffre sur la balance.
Je ne vais pas vous donner ma “méthode”, parce que je crois que tout dépend de chaque situation. Je peux en revanche vous dire ce qui me semble être indispensable pour emprunter ce chemin.
Déjà, bah clairement, le vouloir profondément. Pour les bonnes raisons (dans mon cas, ma survie à vingt ans).
Ensuite, j’ai eu la chance immense d’avoir été prise par la main le premier mois, par ma petite fée - ma fille - qui a passé toutes les vacances d’été à me préparer chacun de mes repas. Je me suis laissée prendre en charge. Le fait de ne pas avoir à me préoccuper de ce que j’allais manger, la laisser peser chaque ingrédient, me voir proposer des assiettes si joliment présentées, ça a évidemment facilité grandement ces premières semaines. Quelque part, je ne pouvais pas échouer, ne serait-ce que pour la remercier de ce geste d’amour.
Ensuite, j’ai continué à appliquer ses préceptes, qui ne sont pas révolutionnaires et qui consistent à faire entrer moins de calories dans une journée qu’il n’en sort. Avec comme “contrainte” supplémentaire de réduire le sucre pour que ma glycémie ne franchisse pas ce seuil qu’elle était sur le point de piétiner allègrement. Et en me fixant cet objectif dérisoire pour certains mais de l’ordre du “game changing” pour moi, de marcher une heure par jour, quoi qu’il arrive.
Pour résumer, pour maigrir il faut évidemment moins manger, ne pas lésiner sur les protéines ou les légumes. J’ai pris quelques habitudes, toujours allier un apport de gras quand je mange du pain par exemple le matin, parce que bizarrement, apparemment, les lipides emprisonnent les glucides (paie ton MBA en nutrition). C’est contre intuitif, j’étais très fière d’avoir supprimé le beurre sur ma tartine, bah c’était une connerie, désormais je mets du peanut butter parce que 1) j’adore ça et 2) c’est mieux contre le cholestérol. Je continue à m’accorder des petits plaisirs, mais je tente de cohabiter avec ma meilleure ennemie, j’ai nommé cette conne de “modération”, qui est quand même la meuf la plus chiante de la terre.
Je ne vais pas vous mentir, je continue à être en panique quand je suis invitée, parce que l’apéro est ma cryptonite et parce que c’est difficile de ne pas céder au deuxième passage du plat. Je sais que le risque est là, toujours, que “ça” ne tienne pas et je le dis autant pour ne pas me porter l’oeil que par nécessité de rester lucide.
Enfin, le dernier point concerne l’alcool, que j’ai quasi arrêté totalement. Je buvais peu, ça n’est donc pas un énorme défi pour moi et je me garde la possibilité d’un verre parfois quand je suis invitée. Mais là encore mon estomac ne le supportait plus et apparemment mon foie pas davantage. Je ne pense pas que cette presque abstinence ait beaucoup joué dans la perte de poids parce que je ne buvais pas suffisamment pour que ce soit décisif, mais franchement ça ne me manque pas.
Voilà, ça n’est pas facile tous les jours mais ça n’est pas non plus horrible. Et surtout, je ne suis plus obligée de dormir assise et n’ai plus de crise de panique si je suis à cours de Gaviscon. Et honnêtement rien que pour ça je ne me vois pas lâcher la rampe.
Je me sens obligée de vous redire à quel point tout cela n’est ni une feuille de route, ni un manuel d’amaigrissement, ni un éloge de la perte de poids. Certaines personnes grosses sont en parfaite santé, d’autres très minces ont des cancers ou des problèmes cardio-vasculaires. Il se trouve que moi j’étais en obésité sévère ET mal barrée concernant mes artères. Est-ce que pour autant je vais échapper à la mort ou à la maladie ? Non. Mais disons que mon quotidien est plus agréable ainsi. Et j’envoie toute ma tendresse à mes compagnes d’infortune, à celles à qui mère nature la pute a donné un solide coup de fourchette ET le métabolisme d’une huitre.
Merci de ce message Caro. On ne va pas se mentir...même si je suis heureuse de ce que tu parviens à faire pour ta santé... Te voir mincir m'a fait le même effet que lorsque j'ai appris que je n'aurais jamais d'enfant et que je voyais des femmes enceintes. Un coup dans le ventre...
Alors comme toi j'ai fréquenté Zermati et ses émules... Et travaillé sur mon émotionnel et puis je ne dirai pas mieux...un solide coup de fourchette et le métabolisme d'une huître...et j'ai beau faire 2 à 3 heures de sport semaine, les drames de la vie m'ont replongée dans les affres de l'empiffrement...dont je ne parviens à sortir.
Alors te lire, comme toujours me ravit...j'aime ton style et ton humour...
Mais m'apaise aussi sur la réalité... Ce n'est ni easy ni gagné pour personne...et cela va peut être m'aider à arrêter de penser que je suis vraiment une grosse nulle...
Bref bravo et courage à toi!!! Et merci🩷
Bravo Caro! J’espère pouvoir dire pareil dans quelques mois … j’ai eu le déclic il y a 1 semaine. Ça faisait quelques mois que j’essayais de me débarrasser de ce que je considérais comme une addiction au sucre . Impossible de ne pas soulager ce besoin irrépressible sous peine de craquer face à la somme de trucs que je porte et du coup, je continuais de m’acheter des gâteaux/ chocolats etc pour soulager cette tension interne. C’était ça ou craquer et mettre ma famille en mauvaise posture ( mari devenu dépendant sur un handicap psy et fille avec des troubles d’apprentissage sévères nécessitant beaucoup d’aides).
Et puis il y a eu plusieurs trucs qui se sont alignés en quelques jours : - je suis enfin venue à bout de la paperasse de la succession de mes beaux parents décédés tous les 2 à 4 mois d’intervalle en 2023- j’ai réalisé que j’avais été niée pendant 6 ans en tant que victime indirecte d’un drame dont mon mari est responsable ( je n’en dirai pas plus mais sachez qu’il ne fait pas bon être atteint d’un problème de santé mentale dans le système judiciaire actuel) et que j’avais raison d’être en colère. Merci le psychologue et l’amie qui m’ont fait prendre conscience que c’était bien de moi que je devais parler pour me faire entendre et pas de lui, (quand bien même je n’en pense pas moins … ) - bref je me suis remise au centre de mes priorités ( le fameux truc du masque à oxygène dans l’avion qu’il faut s’appliquer à soi même pour pouvoir aider les autres ). - j’ai vu le doc santé sur France 5 de M Cymes sur le sucre . Outre que je n’avais jamais entendu parler de la cirrhose hépatique liée au sucre ( et pourtant je suis médecin…) et que ça m’a donné un coup de boost pour ma fille, j’ai pris conscience en le regardant que je faisais quelques erreurs pas énormes qui probablement ne m’aidaient pas à en finir avec cette addiction…
Du coup je me suis dit qu’un travail en hypnose sur le sujet était enfin possible et j’ai sauté le pas , puisque les conditions étaient réunies pour réussir. Une séance d’auto hypnose tous les soirs a laquelle j’ajoute une séance de luminotherapie ( j’avais acheté un casque de luminotherapie pour mon mari et j’ai découvert qu’il y avait plusieurs séances sur le poids / sucre etc).
Et du jour au lendemain j’ai réussi à supprimer quasiment tous les sucres que j’absorbais le soir après le dîner . J’ai perdu 2 kg en 1 semaine!!!
Bref c’est un peu tôt pour en parler mais je me félicite d’avoir attendu que toutes les conditions soient réunies pour mettre en place ce qu’il faut pour arrêter cette addiction au sucre et son shoot de douceur du soir…